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mardi 12 février 2019

Manu reviens ! #thebeestingsagain






Cher Manuel Valls,

Je t’écris cette lettre que tu ne liras pas car tu n’as pas le temps. Sans doute, es-tu trop occupé à élaborer des stratégies contre le premier ministre espagnol de centre-gauche Pedro Sanchez ou bien contre la mairesse de gauche de Barcelone Ada Colau.

Je souhaiterais profondément que tu sois un Pokémon pour que nous puissions te dire « Manu reviens » et que tu demeures enfermé dans ta Pokéball afin que tu arrêtes de foutre la merde partout où tu vas tel un membre de la Team Rocket.

Trêve de plaisanteries. Je t’implore, je te supplie de revenir dans ton pays d’adoption, celui où tu as été Premier Ministre. Oui je le sais, tu as été un homme politique assez minable sur le sol français. Tu as conduit une politique libérale inlassablement en faveur de tes amis du MEDEF et éternellement en défaveur des classes moyennes et populaires. Tout cela en te réclamant de la gauche… Un hiver durant, tu t’es occupé personnellement de faire la promotion, la publicité d’un ancien grand humoriste français qui était depuis devenu une voix de l’antisémitisme et du négationnisme. Et dans ton extrême générosité, tu le faisais gratuitement !!(enfin, aux frais du contribuable plus exactement...) Tu t’es présenté à des primaires que tu as perdues logiquement, celles-ci s’appelant « primaires de la gauche » peut-être avais-tu mal lu l’intitulé ? Puis, tu n’as pas respecté ton engagement en n’appelant pas à voter pour le vainqueur de cette primaire au 1er tour des présidentielles, tu as su donc superbement continuer de renforcer le sentiment de dégoût de la politique chez tes concitoyens.

Tout ce que je t’ai dit, ce sont des faits indéniables, irréfutables. Mais, malgré tout, ils appartiennent au passé et personne n’est aujourd’hui en capacité de changer le passé (Marty McFly et le Doc Emmet Brown, il serait temps de vous bouger !). Personnellement, ce qui me préoccupe c’est le présent. Et aujourd’hui, tu fais de la politique dans le pays où tu es né. Or, ce pays était pour moi, depuis quelques années, le lieu vers lequel mes yeux se tournaient lorsqu’ils cherchaient une lueur d’espoir dans ce monde aussi sombre que les terres du Mordor. Avec le mouvement des « Indignados » en 2011, la naissance de « Podemos » en 2014 ou encore, en 2015, l’arrivée de deux femmes résolument de gauche dans les mairies des deux plus grandes villes du pays. Oui, c’est en Espagne que les raisons de croire à un soulèvement du peuple contre les politiques ordolibérales étaient les plus nombreuses. J’avais un rêve, celui d’une nouvelle Espagne qui serait un exemple conduisant à une nouvelle France puis une nouvelle Europe. Ce rêve était doux, ce rêve était rafraîchissant, ce rêve était enivrant… Puis, tu es venu t’immiscer dans ce rêve, le transformant en cauchemar tel Freddy Krueger. Tu avais déjà planté tes griffes acérées dans la République Française, cela ne te suffisait-il pas ? Avais-tu le besoin de répandre le mal, dont tu es devenu pour certains l’incarnation, dans un autre pays ?






Oui, j’en suis conscient, tu es né et as vécu en Catalogne alors que ce n’est pas mon cas. Pourtant, je n’ai pas l’impression que tu comprennes très bien la culture, l’histoire, l’identité de ce territoire. Apparemment, tu es venu à Barcelone pour te confronter aux indépendantistes catalans que tu ne supportes pas. Déjà, ça a mal commencé, tu as dû faire erreur sur ton lieu d’arrivée, la mairesse sortante n’est pas une indépendantiste, désolé de te l’apprendre. Tu es devenu le candidat d’un parti qui revendique le libéralisme : Ciudadanos. J’en suis absolument ravi ! Au moins, dans ce pays-là, tu n’avanceras pas sous un masque social-démocrate. Mais je m’interroge véritablement sur les raisons qui peuvent pousser un homme politique de premier plan à aller s’engager dans un autre pays. Tu dois sacrément haïr les indépendantistes. Et toi, ça ne t’a pas choqué qu’un certain 1er octobre 2017 des gens se prennent des coups de matraque dans la face parce qu’ils commettaient un délit, que dis-je, un crime horrible : « voter » ?! De plus, dimanche dernier, tu as défilé*, tranquillement, sans problème de conscience, aux côtés du Parti Populaire qui est certainement le grand parti de droite le plus réac d’Europe occidentale mais aussi de Vox, parti d’extrême droite nostalgique du franquisme qui milite (entre autres) pour l’interdiction de l’avortement. Et contre quoi as-tu défilé ? Contre le dialogue ! Toi, qui es le premier à venir donner des leçons de républicanisme à Jean-Luc Mélenchon ou à d’autres personnalités vraiment de gauche, tu manifestes contre le dialogue !? Mais le dialogue, c’est ça la République ! C’est ça la démocratie mon pauvre ! Je suis confus de devoir porter cela à ta connaissance si tardivement dans ta vie politique mais c’est la vérité ! C’est autre chose que le 49/3, je te l’accorde… Car oui, Pedro Sanchez (qui est d’ailleurs membre de ton ancienne famille politique que tu as visiblement décidé de continuer d’éviscérer) cherche à mettre en place un dialogue avec les indépendantistes catalans. Tu souhaiterais quoi à la place ? Qu’on recommence à matraquer les gens un bon coup histoire de rentrer bien fort dans leur crane que l’Espagne doit être unie ? Qu’on jette les gens en prison, à l’instar de ce qui fut fait pour les Jordis ?






Tout ça parce-que TOI tu ne veux pas comprendre qu’il y a des raisons historiques objectives qui poussent les gens vers l’indépendantisme. Effectivement, la naissance même de l’union de la Catalogne avec le reste de l’Espagne est problématique. On dit que l’appartenance de la Catalogne à l’Espagne est un fait irrévocable datant de 1474 et découlant du mariage de Ferdinand d’Aragon à Isabelle de Castille. Or, depuis quand un mariage de souverains entraîne-t-il mécaniquement un mariage de leurs peuples ? Également, je ne sais pas si tu es au courant, mais au cours du XXème siècle l’identité catalane a souvent été bafouée, méprisée, réprimée, interdite… Non seulement sous la dictature de Francisco Franco évidemment mais même auparavant sous Primo de Riviera. Ainsi, pour ma part, je crois que lorsqu’une pensée, une identité est comprimée, étranglée durant de longues années, il est logique que lorsque la bride est lâchée (comme ça a été le cas avec la fin du franquisme) celle-ci s’exacerbe. Par ailleurs, il faut se poser la question : « Qu’est-ce qui unie la nation espagnole ? » Contrairement à la France qui a constitué son unité nationale sur des valeurs, celles de la République, l’Espagne (en tant que nation) s’unie autour de sa couronne. Tu n’es pas sans savoir que ces dernières années avec des affaires comme le safari de Juan Carlos ou encore les dépenses plus qu’outrancières de son gendre aux frais du contribuable, cette monarchie a de plus en plus de mal à être un symbole fédérateur pour le peuple espagnol. Si tu me le demandes, au risque de te décevoir, je ne suis pas forcément en faveur de l’indépendance de la Catalogne. Avec mon regard extérieur, j’ai un amour prononcé de l’Espagne que je trouve belle dans sa diversité (notamment culturelle). Par conséquent, je préférerais que l’Espagne reste unie et ne perde pas la Catalogne. Mais, contrairement à toi, je ne reste pas sourd à ce que disent tous ces gens qui veulent l’indépendance. J’essaie de les écouter, de les comprendre… Aussi, contrairement à toi, je suis pour l’autodétermination des peuples et pour la démocratie c’est pourquoi il me parait légitime que se tienne un référendum sur le statut du territoire et qu’a fortiori le résultat de ce référendum soit réellement pris en compte. Contrairement à toi, je suis un véritable républicain, et même si je n’appartiens pas à la famille politique de Pedro Sanchez, j’approuve sa démarche de dialogue qui me semble aller dans le sens de l’apaisement que nous devrions tous souhaiter. Enfin, contrairement à toi, je pense que les valeurs de la République sont le meilleur moyen de s’unir, de « faire nation », et il me semble qu’il serait temps de remettre en cause la monarchie espagnole (qui coûte beaucoup d’argent et n’unit plus le peuple) et je rêve de l’émergence à sa place d’une République Espagnole qui saurait rassembler castillans, catalans, basques, andalous, galiciens… Tout en préservant leur diversité.

Alors oui, Manu, s’il te plaît, reviens ! Je t’en conjure ! Je suis même prêt à m’assurer personnellement du fait que tu bénéficies de tous les privilèges et de toutes les espèces sonnantes et trébuchantes qui te reviennent de droit en tant qu’ancien Premier Ministre ! Viens profiter d’une retraite bien méritée dans notre beau pays ! Je te montrerai moi-même des petites plages tranquilles dans le Var ou sur la Côte bleue où tu pourras te prélasser au soleil ! Je te borderai le soir dans ton lit doré ! Je ferai tout ce que tu veux ! Mais s’il te plait ! Laisse les espagnols et les catalans tranquilles ! Ils ont suffisamment souffert durant leur histoire pour qu’on ne les accable pas, en plus, d’un malheur comme toi.

Bien socialement.

Un dangereux crypto-indépendantiste, islamo-gauchiste et todo eso …





PS : J’oubliais, toi qui t’es parfois réclamé de Jaurès. Il a une phrase à t’adresser « Si on déplie le mot de République, on se rend compte que celui-ci contient le socialisme ». Et oui, tu sais ce mot « socialisme » que tu as voulu voir disparaitre du nom de ton parti, il est effectivement contenu dans le concept de « Res Publica » : « La chose commune ». Cette idée même d’une institution partagée par tous les citoyens est profondément socialiste. Alors oui, c’est la dernière fois que je me permets de te faire la leçon aujourd’hui, mais clairement, la prochaine fois, essaie de comprendre le sens des mots avant de faire toi-même des leçons de républicanisme.

*http://www.lefigaro.fr/international/2019/02/09/01003-20190209ARTFIG00116-espagne-valls-se-rendra-a-une-manifestation-de-la-droite-et-de-l-extreme-droite.php

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